On nous a toujours dit que les «grands joueurs font les grands entraîneurs», une formule discutable certes, mais qui a fait (et qui fait encore) référence crédible pour les observateurs. Les joueurs, les athlètes en général sont ceux qui créent, qui se démêlent, qui calent ou qui gagnent, et les entraîneurs sont là pour corriger les imperfections, pour améliorer l’attitude tactique, pour motiver. Parfois même, les entraîneurs, ceux qui excellent avec leurs vécu et connaissances, font les joueurs. Mais derrière ce tandem joueur-entraîneur, il y a un «environnement de performance» qui les aide ou non à accomplir leurs tâches. On parle évidemment des dirigeants, le maillon sacré de cette chaîne de valeur sportive. Si les grands joueurs font les grands entraîneurs, les grands dirigeants font sûrement les grands joueurs et les grands entraîneurs.
Jamais une équipe ou une sélection aussi talentueuse qu’elle soit, et avec les meilleurs entraîneurs du monde, n’a pu réussir et rester performante sur la durée avec de mauvais dirigeants. Présidents de clubs, de fédérations, managers dans le cas des sports individuels, directeurs sportifs, présidents de sections, peu importe le format ou l’appelation, ce qui compte, c’est quelqu’un qui trace une voie pour l’avenir, qui optimise les moyens, qui veille à toutes les questions logistiques, pour que le joueur ou l’athlète et les entraîneurs s’épanouissent. N’est pas grand dirigeant qui veut, ça c’est certain. Don ou exercice acquis? Les deux à la fois, avec un grand vécu en sport qui permet de comprendre et d’agir plus vite qu’une personne non avertie. Ces grands dirigeants ne sont pas monnaie courante, ils sont de plus en plus rares. D’ailleurs, on ne fait rien pour les former (parce que c’est aussi un métier et une technicité) et pour les protéger. Malheureusement, la quasi-majorité des dirigeants que l’on voit actuellement sont déracinés de la réalité sportive. Gagnés par leur cupidité et leurs immenses ego, ils et elles ne font que chercher leurs petits intérêts. Le reste de ces bons et loyaux dirigeants en circulation est acculé et coincé dans ce système médiocre où les athlètes payent en aval le cumul d’erreurs et d’incompétence des dirigeants en amont. Avant de penser aux joueurs et athlètes et leurs entraîneurs, pensons aux dirigeants d’abord !